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A la Statue de Bacchus.[1]

LXVII.

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Pere Bacchus, qu’est-ce qui t’a congnu?
Et par sage art a peint ton corps tout nud:
Praxiteles[2] le peintre florissant,
Quand il me vid ma Gnosis[3] ravissant.
Mais il t’a peint avec jeune visage,
Quoy que sois vieux plus que Nestor le sage.
Il a ce faict pour tout homme asseurer,
Que qui sçaura mes dons bien mesurer,
Santé aura, & se verra sans cesse
Ne point vieillir, ains tousjours en jeunesse.
Et ce tabour, & cornes qu’il t’a faict,[4]
Que veulent-ils nous marquer en effect?
Tels signes sont enseignes de folie:
Monstrans que vin par trop prins le fol lie.
Et rend mocqué, l’induisant à mener
Flute par rue, ou bien tabouriner.
Que veut noter ceste rouge couleur?
As tu senti quelque rude chaleur?
Quand tiré fus de Semelé ma mere,
Par Jupiter en foudre estant mon pere.
Jecté par luy promptement dans l’eau fu,
Pour me garder du dommage de feu.[5]
Surquoy je dis, que celuy est prudent,
Qui avec eau lave mon corps ardant:
Car tel secours à moy qui estouffoye,
Fait que plusieurs n’ont point bruslé le foye.
Je te requiers que me donnes doctrine,
Comment tu dois entrer en ma poictrine:
Et combien d’eau avec toy dois mesler,
Link to an image of this page  Link to an image of this page  [G1v p98] Pour seurement sans danger t’avaller.
Servir de moy tu te peux sans offense,
Si le quart d’eau mets avec mon essence.
Pour ton repas demi pinte mesure:
Celà rendra ta santé longue & seure.
Qui de plus boire, helas, est curieux,
Il devient yvre, & en fin furieux.
Helas voicy un dur enseignement:
Veu que tu sçais couler si doucement
Par nos gosiers, avec tant d’allegresse.
Proffit ne vient, sans apporter tristesse.

commentaires.

Par ce petit dialogue Alciat nous apprend le bien
& le mal qui nous vient par le boire. Il dit donc, que
quelcun, contemplant l’effigie du Dieu Bacchus,
faicte & gravee par l’excellent sculpteur Praxiteles,
l’interrogue en ceste façon: Di moy, pere Bacchus, le-
quel des hommes t’a jamais peu voir, pour te represen-
ter de la façon. Praxiteles, respond Bacchus, m’a ain-
si façonné, me voyant lorsque je ravis Ariadne, fille
de Minos, Roy de Crete. Comment peux tu estre jeu-
ne, la barbe ne te commençant qu’à poindre, veu que
tu es plus aagé que Nestor? Je t’apprens, que tu te
maintiendras aussi jeune & robuste, si tu uses sobre-
ment de mes dons. Mais pourquoy as-tu un tambour
entre les mains, & des cornes en ta teste, veu que ce-
là ne convient qu’aux fols, & à ceux qui ont perdu
le sens? Je t’enseigne par cecy, que ceux qui abusent
Link to an image of this page  Link to an image of this page  [G2r p99] de mes dons, c’est à dire du vin, apres s’estre enyvrés
deviennent furieux, puis, comme s’ils fussent hors du
sens, jouent lascivement du tambour. Que veut dire
ceste couleur enflammee & toute en feu de tout ton
corps? brusles tu de flammes humaines? Quand mon
pere me tira du ventre de ma mere avec le foudre en-
flammé, il plongea dans l’eau mon corps tout souillé
de poudre. C’est pourquoy sagement fait celuy qui
tempere son vin avec de l’eau: autrement il se brusle-
roit le foye. Mais enseigne moy, comme je te pourray
temperer avec de l’eau à fin que tu ne me nuises. Qui
veut tirer aide & proffit de moy, il faut qu’il mette le
quart d’eau en son vin, & qu’à son repas il ne boyve
que demi pinte pour le plus. Qui voudra passer ceste
mesure, deviendra bien joyeux, mais à l’instant yvre,
privé de raison & furieux. Ceste derniere reigle, ô
Bacchus, est dure à observer: car nos gosiers sont tous-
jours secs, & tu coules tant doucement. Helàs que
difficilement nous jouïssons de nos plaisirs, sans en-
courir quelque danger.

Gnosis, qui s’appelloit aussi Ariadne, ayant pre-
servé Thesee, à ce qu’il ne fust devoré par le Mino-
taure
, fut par iceluy toutesfois, tant ingrat se mon-
stra-il, abandonnee & laissee dormant en une isle:
où depuis Bacchus la trouva, & la prit à femme, &
logea sa couronne entre les estoiles. Les poëtes tien-
nent que Nestor a vescu trois cents ans. Les tambours
sont instruments de luxure, lors qu’ils ne sont em-
ployés pour la guerre. Semelé, fille du Roy de The-
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, fut aimee de Jupiter, & par luy engroissee: dont
Juno irritee se transforma en vieille, & print le visa-
ge de la nourrice de Semelé, à laquelle elle persuada
que pour s’asseurer que Jupiter l’aimoit parfaicte-
ment, il faloit qu’elle luy fit promettre qu’il la baise-
roit tout de mesme façon, qu’il avoit accoustumé
d’embrasser la Deesse Junon. La povrette suit ce con-
seil. Jupiter, qui luy avoit promis & juré de luy bail-
ler ce que’elle luy demanderoit, fut si bien estonné &
desplaisant quand il entendit la teneur de la reque-
ste. Mais il n’y avoit ordre de se retracter: car il avoit
juré. Il vint donc à elle avec le foudre bruslant, d’où
la povrette fut esteincte: mais Jupiter luy tira prom-
ptement le petit enfant du ventre, & le mit dans sa
cuisse, où il acheva le terme de ses neuf mois, au bout
desquels il sortit, & fut nommé Bacchus.

Notes:

1.  For a description of Bacchus, see Ovid, Metamorphoses 4.4ff.

2.  Praxiteles. This artist fashioned a famous group of statues in bronze depicting Bacchus/Dionysus with Drunkenness and a Satyr. See Pliny, Natural History 34.19.69.

3.  Gnosis, ‘the girl from Knossos’, i.e. Ariadne, daughter of King Minos of Knossos, who helped Theseus destroy the Minotaur, was taken by him to Naxos and there abandoned. Dionysus, the young, exotic and beautiful god of wine, rescued her and made her his bride. See Philostratus, Eikones 1.15.

4.  The god was represented with ram’s or bull’s horns, symbolising power and virility. Under the influence of wine the weak imagine themselves strong and powerful: see Horace, Odes 3.21.18.

5.  Semele, pregnant with Bacchus by Jove, desired to see Jove in his full glory, and the ensuing lightning-blast consumed her. Jove rescued the foetus and enclosed it in his thigh until it was full-grown, whereupon he entrusted the baby to the nymphs (i.e. water-spirits) to bring up. For the content of ll.15-18 compare Anthologia graeca 9.331.


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