Oubliance, mere de povreté.

Lors que le loup cervier le tendre faon devore,
  Link to an image of this page  [Q5r p249] S’il se retourne ailleurs, il oublie soudain
La proye qu’il mangeoit, & cerchant l’incertain,
Il court apres l’autruy, & laisse le sien propre.[1]

Commentaires.

Le loup cervier est si estrangement oublieux, que
si apres un long jeune il rencontre la viande pour
rassasier sa faim, & qu’en la mangeant il vienne da-
venture à regarder ailleurs, subit il oublie ce qu’il a
entre les jambes, & s’en court cercher nouvelle
proye. Le mesme advient souvent aux ambitieux &
aux avares, qui hannissans apres les honneurs, & a-
pres les richesses, quittent & mesprisent souvent leur
premier estat & condition, qui leur estoit certaine,
pour cuider en attrapper une autre. Mais bien sou-
vent Dieu permet qu’ils soyent frustrés & de l’une
& de l’autre. Il s’en void des exemples infinis dans
les histoires.